En début d’après-midi
« Qu’est-ce que la vérité, dit Pilate ? » Jn 18, 38
Jésus est amené à Pilate, lequel semble bien mal à l’aise avec toute cette agitation dans le peuple.
Pilate l’interroge: « Es-tu le roi des juifs ? » Mais Jésus ne lui répond pas directement. Il lui dit: « Mon royaume n’est pas de ce monde ». Et Pilate réitère sa question. Alors Jésus affirme: « Tu le dis, je suis roi, je suis né pour cela, pour rendre témoignage à la vérité ». Et alors Pilate pose la question, la grande question, toujours actuelle: « Qu’est-ce que la vérité ? » La dernière déclaration de Jésus à Pilate sera: « Tu n’aurais aucun pouvoir sur moi s’il ne t’avait été donné d’en-haut ». En effet la royauté du Christ, royauté sur les âmes, est également une royauté sur les hommes.
Voyons ce que recouvre le mot « Vérité ».
Spontanément, on appelle vérité quelque chose qui est vrai , par opposition à quelque chose qui est faux. Quelque chose de réel lui correspond. L’idée de vérité suppose donc un objet connu, un sujet qui connait, et une relation d’accord entre les deux.
Cette notion de vérité correspond au réalisme, représenté par la pensée courante, la philosophie, l’attitude spontanée de la science expérimentale. L’esprit humain ne crée pas la vérité, il doit s’attacher à la découvrir dans tous les domaines. Le réel est ce qu’il est, indépendamment de nos désirs, de nos caprices ou des modes. Ces notions fondamentales semblent de plus en plus méconnues de nos jours.
Définir la vérité est facile pour quelque chose de matériel, mais difficile pour les réalités morales ou spirituelles. Ce qui fait la valeur d’un scientifique, d’un historien, d’un philosophe, c’est la recherche de la vérité. La recherche de la vérité fait partie de la nature humaine.
Alors quels sont les obstacles à la recherche et à la définition de la vérité ?
Ces obstacles ont différentes dénominations, mais ont tous en fait des caractères communs et correspondent peu ou prou à la même chose. Par exemple le subjectivisme : à chacun sa vérité, et ceci peut concerner aussi bien les réalités morales ou spirituelles que les réalités matérielles ou historiques. Le subjectivisme apprécie la réalité en fonction de ses préjugés, dûs à l’éducation, la formation, sans tenir compte des faits, c’est-à-dire du réel. L’idéalisme, c’est à peu près la même chose, je forge une idée directrice et je veux ramener la réalité à cela.
Le relativisme prétend que toutes les choses se valent, une théorie ou une religion n’est pas supérieure à une autre. Le relativisme est un frère jumeau du libéralisme. Il faut d’emblée préciser le sens des mots ; nous parlerons ici du libéralisme au sens philosophique et non pas au sens économique, celui de l’économie de marché.
Pour le libéral, toutes les vérités se valent, d’où une relativité des vérités, car chacune aurait une parcelle de vérité. La vérité du libéral (on rappelle au sens philosophique du mot), c’est qu’il n’y a pas de vérité : c’est très paradoxal !
Ceci explique comment on peut être prisonnier d’une idéologie. Que va faire le libéral en face d’une vérité (au sens d’idéologie ou système de pensée) dont les fruits sont pourris ? Il va laisser faire le mal, il va tout laisser faire, car au nom de quoi pourrait-il intervenir ? Il s’est lui-même ôté le droit d’intervenir. Ce qui montre qu’en réalité le libéralisme conduit à une faiblesse de l’esprit.
Mais une objection va vite arriver: « et la tolérance? » va dire le libéral. Et bien, pouvons-nous lui répondre, je ne tolère pas ce qui n’est pas la vérité, ce qui est l’erreur. Prouvez-moi ce qui est l’erreur, prouvez-moi que l’embryon n’est pas un être humain dès le début de sa conception. Comme le disait le Professeur Lejeune, dans la première cellule constituée de la réunion de l’ovule et du spermatozoïde, il y a, dans une prodigieuse miniaturisation, la programmation de tout l’être humain. Si ce n’est pas un être humain au point de départ, alors qu’est-ce que c’est ? Le scientifique dit que c’est une cellule, ou que c’est une cellule vivante qui va se développer sous certaines conditions.
Pourquoi se croit-on obligés de faire des états généraux de la bioéthique ? Il y a bien des problèmes sous-jacents, liés à la nature de l’être humain, il y a comme une gêne…, sauf pour les militants de la culture de mort. Si l’embryon n’est pas un être humain, pourquoi faire une loi ? A-t-on besoin d’une loi pour arracher une dent ou enlever une tumeur ?
Notre formation catholique doit nous permettre de déceler les failles des systèmes de pensée, politiques ou philosophiques. Le catholicisme est la révélation d’une doctrine, il faut donc la connaitre pour montrer que précisément , le catholicisme colle au plus près de la réalité. Alors revenons à la question de départ : qu’est-ce que la vérité ?
La vérité, c’est le Christ. Il nous le dit lui-même :
– la vérité de ce que je suis, Fils de Dieu. Cette vérité se révèle à travers les étapes de sa vie.
– la vérité de ce que je proclame, c’est l’Evangile, la bonne nouvelle du salut apportée au monde.
– la vérité de ce que j’ai fait, c’est-à-dire tout le bien que Jésus a fait sur terre, notamment les miracles.
Tout cet ensemble, c’est la Bonne Nouvelle, la personne même du Fils de Dieu fait homme, venu sur terre pour nous racheter. Sans Jésus, l’être humain se perd. D’où la nécessité pour nous de connaitre la vérité, par la foi. L’Eglise catholique nous enseigne que la foi est essentiellement un assentiment surnaturel de l’intelligence à la vérité révélée par Dieu, et cet assentiment se fait par la grâce. L’acte de foi est un acte d’intelligence, d’adhésion à une vérité obscure dans ses « comment » et ses « pourquoi », mais cependant certaine car révélée par Dieu.