Archive pour mars 2008

Lettre du pape Jean Paul II aux femmes

Lundi 31 mars 2008

                  LETTRE DU PAPE JEAN-PAUL II AUX FEMMES
   
À vous toutes, femmes du monde entier, mon salut le plus cordial!
 C’est à chacune d’entre vous que j’adresse cette lettre en signe de partage et de gratitude, alors qu’approche la quatrième Conférence mondiale sur la femme, qui se tiendra à Pékin en septembre prochain.
Je voudrais dire tout d’abord à l’Organisation des Nations unies combien j’apprécie cette initiative de grande portée qu’elle a prise. L’Église entend bien apporter, elle aussi, sa contribution à la défense de la dignité, du rôle et des droits des femmes, non seulement par l’apport spécifique de la Délégation officielle du Saint-Siège aux travaux de Pékin, mais aussi en parlant directement au cœur et à l’esprit de toutes les femmes. Récemment, à l’occasion de la visite que Madame Gertrude Mongella, Secrétaire générale de la Conférence, m’a rendue précisément en vue de cette importante réunion, j’ai tenu à lui remettre un Message dans lequel sont exposés quelques points fondamentaux de l’enseignement de l’Église à ce sujet. C’est un message qui, au-delà de l’événement précis qui l’a inspiré, s’ouvre à la perspective plus générale de la réalité et des problèmes de l’ensemble des femmes, se mettant au service de leur cause dans l’Église et dans le monde contemporain. C’est pourquoi j’ai décidé de le transmettre à toutes les Conférences épiscopales afin d’en assurer la diffusion la plus large.
À partir de ce que j’écrivais dans ce document, je voudrais maintenant m’adresser directement à chacune des femmes pour réfléchir avec elles sur les problèmes et les perspectives de la condition féminine en notre temps, m’arrêtant en particulier sur le thème essentiel de la dignité et des droits des femmes, vus à la lumière de la Parole de Dieu.
Le point de départ de ce dialogue ne peut être qu’un merci. L’Église — écrivais-je dans la lettre apostolique Mulieris dignitatem — « désire remercier la Très Sainte Trinité pour le « mystère de la femme » et pour toute femme, pour ce qui constitue la dimension éternelle de sa dignité féminine, pour les « merveilles » de Dieu qui, dans l’histoire des générations humaines, se sont accomplies en elle et par elle » (n. 31).
 Le merci adressé au Seigneur pour son dessein sur la vocation et la mission de la femme dans le monde devient aussi un merci concret et direct aux femmes, à chacune des femmes, pour ce qu’elles représentent dans la vie de l’humanité.
Merci à toi, femme-mère, qui accueilles en ton sein l’être humain dans la joie et dans la peine d’une expérience unique par laquelle tu deviens sourire de Dieu pour l’enfant qui vient au monde, tu deviens le guide de ses premiers pas, le soutien de sa croissance, puis le point de repère sur le chemin de sa vie.
Merci à toi, femme-épouse, qui unis d’une façon irrévocable ton destin à celui d’un homme, dans une relation de don réciproque, au service de la communion et de la vie.
Merci à toi, femme-fille et femme-sœur, qui apportes au foyer familial puis dans le complexe de la vie sociale les richesses de ta sensibilité, de ton intuition, de ta générosité et de ta constance.
Merci à toi, femme-au-travail, engagée dans tous les secteurs de la vie sociale, économique, culturelle, artistique, politique, pour ta contribution irremplaçable à l’élaboration d’une culture qui puisse allier la raison et le sentiment, à une conception de la vie toujours ouverte au sens du « mystère », à l’édification de structures économiques et politiques humainement plus riches.
Merci à toi, femme-consacrée, qui, à la suite de la plus grande des femmes, la Mère du Christ, Verbe incarné, t’ouvres en toute docilité et fidélité à l’amour de Dieu, aidant ainsi l’Église et l’humanité entière à donner à Dieu une réponse « sponsale » qui exprime merveilleusement la communion qu’il veut établir avec sa créature.
Merci à toi, femme, pour le seul fait d’être femme! Par la perception propre à ta féminité, tu enrichis la compréhension du monde et tu contribues à la pleine vérité des relations humaines.
Mais, je le sais, le merci ne suffit pas. Nous avons malheureusement hérité d’une histoire de très forts conditionnements qui, en tout temps et en tout lieu, ont rendu difficile le chemin de la femme, fait méconnaître sa dignité, dénaturer ses prérogatives, l’ont souvent marginalisée et même réduite en esclavage. Tout cela l’a empêchée d’être totalement elle-même et a privé l’humanité entière d’authentiques richesses spirituelles. Il ne serait certes pas facile de déterminer des responsabilités précises, étant donné le poids des sédimentations culturelles qui, au cours des siècles, ont formé les mentalités et les institutions. Mais si, dans ce domaine, on ne peut nier, surtout dans certains contextes historiques, la responsabilité objective de nombreux fils de l’Église, je le regrette sincèrement. Puisse ce regret se traduire, pour toute l’Église, par un effort de fidélité renouvelée à l’inspiration évangélique qui, précisément sur le thème de la libération de la femme par rapport à toute forme d’injustice et de domination, contient un message d’une permanente actualité venant de l’attitude même du Christ. Celui-ci, dépassant les normes en vigueur dans la culture de son temps, eut à l’égard des femmes une attitude d’ouverture, de respect, d’accueil, de tendresse. Il honorait ainsi chez la femme la dignité qu’elle a toujours eue dans le dessein et dans l’amour de Dieu. En nous tournant vers lui en cette fin du deuxième millénaire, nous nous demandons spontanément à quel point son message a été reçu et mis en pratique.
Oui, il est temps de regarder avec le courage de la mémoire et la sincère reconnaissance des responsabilités la longue histoire de l’humanité, à laquelle les femmes ont apporté une contribution qui n’est pas inférieure à celle des hommes, et la plupart du temps dans des conditions bien plus difficiles. Je pense en particulier aux femmes qui ont aimé la culture et l’art, et qui s’y sont consacrées en partant de situations désavantageuses, exclues qu’elles étaient bien souvent d’une éducation égale à celle des hommes, exposées à être sous-estimées, à voir leur apport intellectuel méconnu ou même à en être dépossédées. Malheureusement, de cette multiple activité des femmes dans l’histoire, il reste très peu de choses qui puissent être enregistrées par les instruments de l’historiographie scientifique. Mais par chance, si le temps a enseveli les documents qui en portent la trace, il est impossible de ne pas en sentir les effets bénéfiques dans la sève dont furent nourries les générations qui se sont succédé jusqu’à nous. L’humanité a une dette incalculable à l’égard de cette grande, immense, « tradition » féminine. Combien de femmes ont été et sont encore jugées sur leur aspect physique plus que sur leur compétence, leur valeur professionnelle, leur activité intellectuelle, la richesse de leur sensibilité et, en définitive, sur la dignité même de leur être!
 Et que dire des obstacles qui, en de nombreuses parties du monde, empêchent encore les femmes de s’intégrer pleinement dans la vie sociale, politique et économique? Il suffit de penser que le don de la maternité est plus souvent pénalisé qu’il n’est estimé, alors que l’humanité lui doit sa propre survie. Il est certain qu’il reste encore beaucoup à faire pour que la condition de femme et de mère n’entraîne aucune discrimination. Il est urgent d’obtenir partout l’égalité effective des droits de la personne et donc la parité des salaires pour un travail égal, la protection des mères qui travaillent, un juste avancement dans la carrière, l’égalité des époux dans le droit de la famille, la reconnaissance de tout ce qui est lié aux droits et aux devoirs du citoyen dans un régime démocratique.
Il s’agit là d’un acte de justice, mais aussi d’une nécessité. Dans la politique à venir, les femmes seront toujours plus impliquées dans les graves problèmes actuellement débattus: temps libre, qualité de la vie, migrations, services sociaux, euthanasie, drogue, santé et soins, écologie, etc. Dans tous ces domaines, une plus forte présence sociale de la femme s’avérera précieuse, car elle contribuera à manifester les contradictions d’une société organisée sur les seuls critères de l’efficacité et de la productivité, et elle obligera à redéfinir les systèmes, au bénéfice des processus d’humanisation qui caractérisent la « civilisation de l’amour ».
 En considérant l’un des aspects les plus délicats de la situation des femmes dans le monde, comment ne pas rappeler la longue et humiliante histoire — fréquemment « souterraine » — d’abus commis à l’encontre des femmes dans le domaine de la sexualité? À la veille du troisième millénaire, nous ne pouvons rester impassibles face à ce phénomène, ni nous y résigner. Il est temps de condamner avec force, en suscitant des instruments législatifs appropriés de défense, les formes de violence sexuelle qui ont bien souvent les femmes pour objet. Au nom du respect de la personne, nous ne pouvons pas non plus ne pas dénoncer la culture hédoniste et mercantile fort répandue qui prône l’exploitation systématique de la sexualité, poussant même les filles dès leur plus jeune âge à tomber dans les circuits de la corruption et à faire de leur corps une marchandise.
En face de telles perversions, quelle estime ne méritent pas, au contraire, les femmes qui, avec un amour héroïque pour leur enfant, poursuivent une grossesse liée à l’injustice de rapports sexuels imposés par la force, et cela non seulement dans le cadre des atrocités qui se rencontrent malheureusement dans des contextes de guerre encore si fréquents dans le monde, mais aussi dans des situations de bien-être et de paix, souvent viciées par une culture de permissivité hédoniste où prospèrent plus facilement des tendances à un machisme agressif! Dans de telles conditions, le choix de l’avortement, qui reste toujours un péché grave, avant même d’être une responsabilité à faire endosser par les femmes, est un crime qu’il faut mettre au compte de l’homme et de la complicité du milieu de vie.
 Mon merci aux femmes prend donc la forme d’un appel pressant pour que tous, en particulier les États et les institutions internationales, fassent ce qu’il faut pour redonner aux femmes le plein respect de leur dignité et de leur rôle. Je ne puis m’empêcher, à ce sujet, de manifester mon admiration pour les femmes de bonne volonté qui se sont consacrées à la défense de la dignité de la condition féminine par la conquête de droits fondamentaux sur les plans social, économique et politique, et qui ont pris courageusement cette initiative en des temps où cet engagement de leur part était considéré comme un acte de transgression, un signe de manque de féminité, une manifestation d’exhibitionnisme, voire un péché!
Comme je l’écrivais dans le Message pour la Journée mondiale de la Paix de cette année, en considérant ce grand processus de libération de la femme, on peut dire que cette voie « a été difficile et complexe, non sans erreurs parfois, mais positive pour l’essentiel, même si elle reste encore inachevée à cause des nombreux obstacles qui empêchent, en bien des régions du monde, que la femme soit reconnue, respectée et valorisée dans sa dignité propre » (n. 4).
Il faut persévérer dans cette voie! Toutefois, je suis convaincu que le secret pour parcourir rapidement le chemin du plein respect de l’identité féminine ne passe pas seulement par la dénonciation, pour nécessaire qu’elle soit, des discriminations et des injustices, mais encore et surtout par un projet de promotion aussi efficace qu’éclairé, qui concerne tous les domaines de la vie féminine, en partant d’une prise de conscience renouvelée et universelle de la dignité de la femme. La raison elle- même, qui accepte la loi de Dieu inscrite au cœur de tout homme, nous porte à reconnaître cette dignité malgré ses multiples conditionnements historiques. Mais c’est surtout la Parole de Dieu qui nous permet d’identifier clairement le fondement anthropologique radical de la dignité de la femme, en nous le montrant dans le dessein de Dieu sur l’humanité.
Acceptez donc, chères sœurs, qu’avec vous je médite à nouveau la merveilleuse page biblique qui présente la création de l’homme, et qui exprime tant de choses sur votre dignité et sur votre mission dans le monde.
Le Livre de la Genèse parle de la création de manière synthétique et dans un langage poétique et symbolique, mais profondément vrai: « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa (Gn 1, 27). L’acte créateur de Dieu se déroule selon un projet précis. Avant tout, il est dit que l’homme est créé à l’image et à la ressemblance de Dieu (cf. Gn 1, 26), expression qui clarifie immédiatement le caractère spécifique de l’homme dans l’ensemble de l’œuvre de la création.
Il est dit ensuite que l’homme est créé « homme et femme » (Gn 1, 27), depuis l’origine. L’Écriture elle-même fournit l’interprétation de cet élément: bien que se trouvant entouré par les créatures innombrables du monde visible, l’homme se rend compte qu’il est seul (cf. Gn 2, 20). Dieu intervient pour le faire sortir de cette situation de solitude: « Il n’est pas bon que l’homme soit seul. Il faut que je lui fasse une aide qui lui soit assortie » (Gn 2, 18). Depuis l’origine, donc, dans la création de la femme est inscrit le principe de l’aide: aide — notons-le bien — qui n’est pas unilatérale, mais réciproque. La femme est le complément de l’homme, comme l’homme est le complément de la femme: la femme et l’homme sont entre eux complémentaires. Le féminin réalise l’« humain » tout autant que le fait le masculin, mais selon une harmonique différente et complémentaire.
Lorsque la Genèse parle d’« aide », elle ne fait pas seulement référence au domaine de l’agir, mais aussi à celui de l’être. Le féminin et le masculin sont entre eux complémentaires, non seulement du point de vue physique et psychologique, mais ontologique. C’est seulement grâce à la dualité du « masculin » et du « féminin » que l’« homme » se réalise pleinement.
Après avoir créé l’homme, homme et femme, Dieu leur dit à tous les deux: « Emplissez la terre et soumettez-la » (Gn 1, 28). Il ne leur confère pas seulement le pouvoir de procréer pour perpétuer le genre humain à travers le temps, mais il leur confie aussi la terre comme une tâche, les engageant à en gérer les ressources de manière responsable. L’homme, être rationnel et libre, est appelé à transformer la face de la terre. Dans cette tâche, qui est essentiellement une œuvre de culture, l’homme comme la femme ont une responsabilité égale depuis l’origine. Dans leur réciprocité sponsale et féconde, dans leur tâche commune de dominer et de soumettre la terre, la femme et l’homme n’expriment pas une égalité statique et nivelante, et encore moins une différence abyssale et inexorablement conflictuelle: leur rapport le plus naturel, répondant au dessein de Dieu, est l’« unité des deux », c’est-à-dire une « unité duelle » relationnelle, qui permet à chacun de découvrir la relation interpersonnelle et réciproque comme un don, source de richesse et de responsabilité.
À cette « unité des deux » sont confiées par Dieu non seulement l’œuvre de la procréation et la vie de la famille, mais la construction même de l’histoire. Si, durant l’Année internationale de la Famille, célébrée en 1994, l’attention s’est portée sur la femme comme mère, la conférence de Pékin est une occasion propice à une prise de conscience renouvelée des multiples contributions que la femme offre à la vie des sociétés et des nations entières. Ce sont des contributions de nature avant tout spirituelle et culturelle, mais aussi socio-politique et économique. Vraiment grande est l’importance de ce que doivent à l’apport des femmes les différents secteurs de la société, les États, les cultures nationales et, en définitive, le progrès du genre humain tout entier!
En règle générale, le progrès est évalué selon des catégories scientifiques et techniques, et, même de ce point de vue, la contribution de la femme n’est pas négligeable. Cependant, ce n’est pas là l’unique dimension du progrès, ce n’est même pas la principale. La dimension éthique et sociale, qui marque les relations humaines et les valeurs de l’esprit, paraît plus importante: dans cette dimension, souvent développée sans bruit à partir des relations quotidiennes entre les personnes, spécialement à l’intérieur de la famille, c’est précisément au « génie de la femme » que la société est en grande partie débitrice.
À ce propos, je voudrais exprimer une gratitude particulière aux femmes engagées dans les secteurs les plus divers de l’activité éducative, bien au-delà de la famille: jardins d’enfants, écoles, universités, services sociaux, paroisses, associations et mouvements. Partout où existe la nécessité d’un travail de formation, on peut constater l’immense disponibilité des femmes qui se dépensent dans les relations humaines, spécialement en faveur des plus faibles et de ceux qui sont sans défense. Dans cette action, elles accomplissent une forme de maternité affective, culturelle et spirituelle, d’une valeur vraiment inestimable pour les effets qu’elle a sur le développement de la personne et sur l’avenir de la société. Et comment ne pas rappeler ici le témoignage de nombreuses femmes catholiques et de nombreuses Congrégations religieuses féminines qui, dans les différents continents, ont fait de l’éducation, spécialement des jeunes garçons et filles, leur activité principale? Comment ne pas avoir un sentiment de reconnaissance à l’égard de toutes les femmes qui ont œuvré et qui continuent à œuvrer dans le domaine de la santé, non seulement dans le cadre des institutions de santé les mieux organisées, mais souvent dans des circonstances très précaires, dans les pays les plus pauvres du monde, donnant un témoignage de disponibilité qui frôle souvent le martyre?
 Je souhaite donc, chères sœurs, que l’on réfléchisse avec une attention particulière sur le thème du « génie de la femme », non seulement pour y reconnaître les traits d’un dessein précis de Dieu qui doit être accueilli et honoré, mais aussi pour lui faire plus de place dans l’ensemble de la vie sociale, et également dans la vie ecclésiale. J’ai eu l’occasion, dans la lettre apostolique Mulieris dignitatem publiée en 1988, de traiter largement cette question, déjà abordée d’ailleurs au moment de l’Année mariale. Puis cette année, pour le Jeudi saint, j’ai voulu rappeler cette lettre apostolique Mulieris dignitatem dans la lettre que j’adresse habituellement aux prêtres, pour les inviter à réfléchir sur le rôle significatif que la femme exerce dans leur vie, comme mère, comme sœur et comme collaboratrice dans les activités d’apostolat. Il s’agit d’une autre dimension de l’« aide » — différente de la dimension conjugale, mais tout aussi importante — que la femme, selon la Genèse, est appelée à rendre à l’homme.
L’Église voit en Marie la plus haute expression du « génie féminin » et trouve en elle une source d’inspiration constante. Marie s’est définie elle- même « servante du Seigneur » (Lc 1, 38). C’est par obéissance à la Parole de Dieu qu’elle a accueilli sa vocation privilégiée, mais pas du tout facile, d’épouse et de mère de la famille de Nazareth. En se mettant au service de Dieu, elle s’est mise aussi au service des hommes: service d’amour. C’est ce service qui lui a permis de réaliser dans sa vie l’expérience d’une mystérieuse mais authentique « royauté ». Elle n’est pas invoquée par hasard comme « Reine du ciel et de la terre ». Toute la communauté des croyants l’invoque ainsi; de nombreux peuples et nations l’invoquent comme « Reine ». Sa « royauté » est un service! Son service est une « royauté »!
C’est ainsi que devrait être comprise l’autorité dans la famille comme dans la société et dans l’Église. La « royauté » est une révélation de la vocation fondamentale de l’être humain, en tant que créé à « l’image » de Celui qui est Seigneur du ciel et de la terre, et appelé à être son fils adoptif dans le Christ. L’homme est la seule créature sur la terre que « Dieu a voulu pour elle-même », comme l’enseigne le deuxième Concile du Vatican, qui ajoute de manière significative que l’homme « ne peut pleinement se trouver que par le don désintéressé de lui-même » (Gaudium et spes, n. 24).
En cela consiste la « royauté » maternelle de Marie. Ayant été, dans tout son être, un don pour le Fils, elle devient aussi un don pour les fils et les filles du genre humain tout entier, ravivant la confiance très profonde de celui qui se tourne vers Elle pour être conduit le long des chemins difficiles de la vie vers son terme personnel, son destin transcendant. À travers les étapes de sa vocation particulière, chacun parvient à ce but final, qui oriente l’engagement dans le temps de l’homme comme de la femme.
Dans cette perspective de « service » — qui exprime la véritable « royauté » de l’être humain, s’il est accompli avec liberté, réciprocité et amour —, il est aussi possible d’accueillir une certaine diversité de fonctions, sans conséquences désavantageuses pour la femme, dans la mesure où cette diversité n’est pas le résultat d’un ordre arbitraire, mais découle des caractères de l’être masculin et féminin. C’est une affirmation qui a aussi une application spécifique à l’intérieur de l’Église. Si le Christ — par un choix libre et souverain, bien attesté dans l’Évangile et dans la tradition constante de l’Église — a confié seulement aux hommes le devoir d’être « icône » de son visage de « pasteur » et d’« époux » de l’Église à travers l’exercice du sacerdoce ministériel, cela n’enlève rien au rôle des femmes, comme du reste à celui des autres membres de l’Église qui ne sont pas investis du ministère sacré, étant cependant tous également dotés de la dignité particulière du « sacerdoce commun » enraciné dans le baptême. En effet, ces distinctions de rôles ne doivent pas être interprétées à la lumière des canons de fonctionnement propres aux sociétés humaines, mais selon les critères spécifiques de l’économie sacramentelle, c’est-à-dire de l’économie des « signes » librement choisis par Dieu, pour se rendre présent au milieu des hommes.
En outre, précisément dans la ligne de cette économie des signes, même hors du domaine sacramentel, la « féminité », vécue sur le modèle sublime de Marie, est loin d’être négligeable. En effet, il y a dans la « féminité » de la femme croyante, et spécialement de la femme « consacrée », une sorte de « prophétie » immanente (cf. Mulieris dignitatem, n. 29), un symbolisme fortement évocateur, on pourrait dire un « caractère iconique » prégnant, qui se réalise pleinement en Marie et qui exprime bien l’être même de l’Église en tant que communauté consacrée, dans la plénitude d’un cœur « vierge », pour être « épouse » du Christ et « mère » des croyants. Dans cette perspective de complémentarité « iconique » des rôles masculin et féminin, deux dimensions inséparables de l’Église sont davantage mises en lumière: le principe « marial » et le principe « apostolique et pétrinien » (cf. ibid., n. 27).
D’autre part — je le rappelais aux prêtres dans la Lettre du Jeudi saint de cette année, précédemment citée —, « le sacerdoce ministériel, dans le dessein du Christ, n’est pas l’expression d’une domination, mais celle d’un service » (n. 7). C’est une tâche urgente de l’Église, dans son renouvellement quotidien à la lumière de la Parole de Dieu, de mettre cela toujours plus en évidence, dans le développement de l’esprit de communion et dans la promotion attentive de tous les moyens spécifiquement ecclésiaux de la participation, et à travers le respect et la valorisation des innombrables charismes personnels et communautaires que l’Esprit de Dieu suscite pour l’édification de la communauté chrétienne et pour le service des hommes.
Dans ce vaste domaine du service, l’histoire de l’Église, au long de ces deux millénaires, malgré tant de conditionnements, a connu vraiment le « génie de la femme », ayant vu apparaître en son sein des femmes de premier plan, qui ont laissé d’elles-mêmes, aux différentes époques, une empreinte importante et bénéfique. Je pense à la longue cohorte des martyres, des saintes, des mystiques insignes. Je pense tout spécialement à sainte Catherine de Sienne et à sainte Thérèse d’Avila, auxquelles le Pape Paul VI a conféré le titre de Docteur de l’Église. Et comment ne pas rappeler aussi les innombrables femmes qui, animées par la foi, ont consacré leur vie à des initiatives d’un intérêt social extraordinaire, particulièrement au service des plus pauvres? L’avenir de l’Église dans le troisième millénaire ne manquera certainement pas de voir naître de nouvelles et admirables manifestations du « génie féminin ».
 Vous voyez donc, chères sœurs, que l’Église a de nombreux motifs de désirer que, dans la prochaine Conférence organisée par les Nations Unies à Pékin, soit mise en lumière la pleine vérité sur la femme. Que l’on donne vraiment tout son relief au « génie de la femme », en ne tenant pas compte seulement des femmes importantes et de renommée, qui ont vécu dans le passé ou qui sont nos contemporaines, mais aussi des femmes simples, qui développent leur talent féminin au service des autres dans la banalité du quotidien! C’est en effet spécialement en se donnant aux autres dans la vie de tous les jours que la femme réalise la vocation profonde de sa vie, elle qui, peut-être encore plus que l’homme, voit l’homme, parce qu’elle le voit avec le cœur. Elle le voit indépendamment des différents systèmes idéologiques ou politiques. Elle le voit avec sa grandeur et ses limites, et elle cherche à venir à sa rencontre et à lui être une aide. De cette manière, dans l’histoire de l’humanité, se réalise le dessein fondamental du Créateur et apparaît sans cesse, dans la diversité des vocations, la beauté — non seulement physique mais surtout spirituelle — que Dieu a prodiguée depuis le début à la créature humaine et spécialement à la femme. Tandis que je confie au Seigneur dans la prière l’heureux résultat de l’important rendez- vous de Pékin, j’invite les communautés ecclésiales à faire de l’année en cours un temps de profonde action de grâce au Créateur et au Rédempteur du monde pour le don d’un aussi grand bien que la féminité; dans ses multiples expressions, elle appartient au patrimoine constitutif de l’humanité et de l’Église.
Que Marie, Reine de l’amour, veille sur les femmes et sur leur mission au service de l’humanité, de la paix, de la diffusion du Règne de Dieu!
Avec ma Bénédiction.
Du Vatican, le 29 juin 1995, solennité des saints Apôtres Pierre et Paul.

Etoile au grand large.

Dimanche 30 mars 2008

Etoile au grand large.

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Que le soleil nous accompagne
Ou que l’orage vienne à gronder,
C’est en marchant dans les campagnes
Que nous vivons notre amitié.
Nous savons toutes que notre loi
Est une loi de liberté
Et c’est en chantant notre foi
Que nous cherchons :

L’étoile au grand large
Qui brille sur notre vie,
L’étoile des mages
Qui nous guide dans la nuit ;
Puisque sur notre route
Une étoile a resplendi,
Restons à l’écoute
De celui qui nous unit.

Souvent, affirmer notre foi
C’est ramer à contre-courant.
Mais le Feu brille d’un tel éclat
Qu’il nous garde de tout tourment.
Sa force est là qui nous rassemble
Pour tenir tête à tous les vents.
Dans les tempêtes toutes ensemble
Nous suivons : 

L’étoile au grand large
Qui brille sur notre vie,
L’étoile des mages
Qui nous guide dans la nuit ;
Puisque sur notre route
Une étoile a resplendi,
Restons à l’écoute
De celui qui nous unit.

« L’union fait la force », dit-on.
Rien ne pourra donc résister
À nos joies et à nos chansons
Car elles riment avec « unité ».
Un mot qui pour nous doit se vivre
Avant même de se chanter
Car c’est ailleurs que dans les livres
Que nous trouvons :

L’étoile au grand large
Qui brille sur notre vie,
L’étoile des mages
Qui nous guide dans la nuit ;
Puisque sur notre route
Une étoile a resplendi,
Restons à l’écoute
De celui qui nous unit.

Lettre à un jeune qui veut jouer avec l’amour

Vendredi 28 mars 2008

Cette semaine, je vous propose trois lettres de Dominique Morin que m’a fait passer MC.  

« Dominique Morin m’a demandé de diffuser ce témoignage auprès des jeunes. Après avoir mené une vie dépravée, il s’est converti. Voulant se marier, il a découvert qu’il était malade du sida et a renoncé à se marier, pour le bien de celle qu’il aimait. Il est donc devenu oblat et passe son temps à témoigner dans des écoles, des aumôneries, etc. pour expliquer aux jeunes ce qu’est l’amour vrai.
Je l’ai entendu deux fois et je dois dire qu’on est ’scotché’ par ce qu’il raconte. Et malgré la maladie qui le fait souffrir (il a un visage squelettique), il arrive encore à parler aux jeunes avec toute la force de son expérience et avec le soutien de la prière. « 
 

A diffuser largement donc !     

   

Lettre à un jeune qui veut jouer avec l’amour.

« Adolescent, j’ai joué à l’amour avec des filles. Je n’en ai aimé et respecté aucune, j’ai surtout joui égoïstement et vite cessé de croire en l’amour. Je me suis un jour converti, changeant de comportements. J’ai ainsi retrouvé la foi dans l’amour à travers de véritables amitiés avec des femmes catholiques sans convoitise sexuelle grâce à la chasteté. Je voulais me marier avec une amie que j’aime toujours quand j’ai découvert que j’avais contracté le sida dans ces années de débauche. J’ai alors choisi raisonnablement de renoncer au mariage. 

Quand on me parle de prévention, je vois désormais plus loin que le sida. Jouant sans accepter de règles avec l’amour, j’ai perdu mes capacités de fécondité, de don de soi nécessaires pour construire ma vie avec la personne que j’aime. A qui pourrais-je souhaiter ce malheur, sans même parler du sida? Le vagabondage sexuel et les pratiques contre nature propagent le sida, le préservatif n’incite pas à s’en éloigner mais juste à en limiter les risques. Est-ce une prévention sérieuse? Au lieu de réduire l’amour à un jeu dangereux, pensez plutôt à fonder vos relations sur de solides amitiés. L’avenir c’est déjà demain! Enfermés dans des relations décevantes qui ne tiennent pas leurs promesses, passant d’un partenaire à l’autre, vous blessez vos cœurs et vos corps. L’amour libre est une illusion mortelle. Regardez toutes ses victimes et ajoutez-y celle de l’avortement où mènent parfois préservatifs et contraceptifs, montrant ainsi leurs limites. 

Ce que l’Eglise nous propose, c’est de rendre l’amour porteur de joie et de paix en l’ouvrant à la vie par l’exigence de la vérité et de la justice. A cause du sida, je ne peux me donner totalement à la femme que j’aime sans lui faire courir un risque. La seule vérité du sida, c’est le mensonge, la peur et la solitude au bout du chemin. Ne parler aux jeunes que de prendre du plaisir sans aimer en courant des risques est la conclusion logique d’une société qui ne leur parle plus de la fécondité du véritable amour. La chasteté, maîtrise joyeuse de sa sexualité, permet de ne pas la subir ni la faire subir à d’autres. La véritable liberté est un chemin ou amour ne rime pas avec peur et déception solitaire mais avec confiance et joie partagée.  Sans avoir besoin pour cela d’être catholique, faire rimer amour avec méfiance et peur caché derrière le préservatif, est profondément malsain. Si vous voulez du plaisir, prenez vos risques, vos précautions et bonne chance! Mais je ne vous encouragerais dans cette médiocre dérision de l’amour. L’amour n’apporte que paix et joie si on le respecte. Vous et tous les adolescents à qui on ment avez le droit de le savoir avant de choisir librement votre voie. Quand je sautais en parachute, si on m’avait averti que la voile que j’allais utiliser était abîmé mais qu’il y avait peu de risque qu’elle se déchire en vol, qu’aurais-je choisi? Le plaisir du saut très puissant d’un côté, le risque minime, mais j’aurais préféré rester au sol. Aucun plaisir ne mérite d’y laisser sa vie. Avec le préservatif, on vous cache que le risque existe à chaque fois et qu’un jour ça peut être pour vous. De nombreux témoignages d’échec par des personnes concernées m’ont montré les limites de cette prévention. Finalement qui sont les inconscients? Ceux qui vous laissent prendre des risques en vous préparant l’enfer ou ceux qui vous invitent à réfléchir à l’amour et à ne pas le réduire à un risque. Plutôt que de cacher ou déformer le discours catholique, n’avez-vous pas le droit de savoir toute la vérité avant de courir des risques que vous seul finalement aurez à assumer? L’Eglise a toujours un discours raisonnable et réaliste, ne cherchant pas à s’adapter à l’évolution des mœurs qui s’impose, aux jeunes qui veulent suivre leurs désirs. Elle rappelle à temps et à contretemps qu’on ne peut se moquer de l’amour sans risque mortel pour notre corps, notre cœur et notre âme. Elle voit le bien des âmes avant la satisfaction des désirs. Cette exigence est une promesse qui vous donnera les moyens d’accéder au véritable bonheur. 

Choisissez la liberté d’aimer dans la confiance et la vérité qui va vers la vie plutôt que la recherche de plaisir à tout prix qui mène au mensonge et à la mort. « 

Dominique Morin. 

Lettre à une jeune catholique à la mode

Vendredi 28 mars 2008

Lettre à une jeune catholique à la mode. 

Chère jeune fille, J’aimerais, à partir de ma propre expérience, réfléchir avec vous sur certaines attitudes. 

J’ai brûlé mon adolescence dans des expériences désordonnées, avec le désir sexuel comme moteur et une affectivité exacerbée comme boussole. Croyant à l’époque que ces pratiques seraient une initiation sans conséquences, j’y ai pourtant appris à mentir et à tricher, en amour, et j’y ai contracté le sida. Un jour, j’ai enfin quitté tout ça pour essayer de construire ma vie. Mon retour vers la foi catholique a donné un sens à cette quête. Il y a dix ans que je connais mon infection et, tout en combattant la maladie, je témoigne de la beauté de la chasteté et de l’amitié. Car même si mon cœur et mon corps restent marqués au fer rouge, le pardon de Dieu a guéri mon âme et les relations très chastes que j’entretiens depuis avec des femmes m’ont appris à croire en l’amour. Autour de nous règne le culte du plaisir et de la superficialité. Monde de mensonge et de solitude ou l’homme et la femme, orphelins d’un Père qu’il ne connaisse pas ou ont renié, cherchent là une raison d’être. Cette influence, que nous subissons tous, d1une façon ou d’une autre, s’appuie sur la faiblesse humaine livrée à elle-même. 

A l’adolescence, le corps se transforme et l’imagination sexuelle s’éveille. La fille découvre sa fécondité, transformation intérieure de son corps qui fera d’elle un jour une femme. Ce même corps commence à prendre des formes féminines explicites qui va attirer naturellement le regard des garçons. Elle devient une jeune femme et lui un jeune homme. La pudeur lui permet alors de protéger l’intimité de son corps qui se transforme, du regard de convoitise que cette découverte peut provoquer chez le garçon. Cette chasteté peut-être inconsciente est en tout cas un signe évident de délicatesse. Le garçon découvre sa sexualité très extérieurement à travers une génitalité bien envahissante. La première image que la jeune fille donne d’elle étant souvent sa tenue, quel sera l’impact sur lui d’une cuisse dévoilée, d1un pantalon très collant ou d’un décolleté? N’oubliez pas que le garçon vous regardera avec sa psychologie à un âge où ce qui n’est que séduction innocente pour la fille sollicite sexuellement le garçon. Vos relations s’en ressentiront forcément, même si le garçon n’ose vous avouer sa faiblesse. Aidez-le à s’élever et à grandir en étant délicate à son égard par votre exigence, en ne tentant pas sa grande fragilité. La séduction cherche à attirer à tout prix le regard de l’autre. La provocation et le souci de choquer aussi, d’une autre manière. Êtes-vous sûre de respecter sa liberté en provoquant son regard? Supporteriez-vous qu’avec sa force physique, qui est son point faible avec l’instinct sexuel, il vous force à s’intéresser à lui? Chacun a la responsabilité envers l’autre de le laisser libre de son choix. Quelle tristesse que des femmes, jeunes ou adultes, sollicitent notre convoitise envers un corps que, malgré notre nature fragile, nous sommes aussi capables de regarder chastement! Si chacun n’aide pas l’autre, dans un souci de respect mutuel, cela sera vite une source de conflits entre nous. Observez simplement autour de vous une société ou ne règne que la séduction, le besoin de paraître et l’égoïsme. La souffrance et la solitude ne sont jamais bien loin et la satisfaction bien éphémère et dérisoire. 

L’instabilité affective et l’impudeur actuels découlent d’une méconnaissance voire d’un refus de la faiblesse humaine et de l’absence d’une éducation à la pudeur et à la prudence. La beauté féminine est appelée à être mise en valeur autrement que par une médiocre entreprise de séduction charnelle. Mais les modes vestimentaires sont parfois si ambiguës qu’il est souvent difficile, voire impossible de ne pas être attiré par le spectacle d’un corps outrageusement mis en valeur. Est-ce que la femme n’aurait d’intérêt que pour les formes de son corps offertes à tous? Je ne l’ai jamais pensé mais que faire sinon se résigner à subir ou protester comme je m’exerce à le faire?  Ce que je sais d’expérience, c’est ce que va penser un garçon en voyant un corps dévoilé. Sa pensée va s’arrêter à ce qu’il voit et il risque de ne pas aller plus loin. En quelque sorte, de réduire la femme aux formes qu’elle met excessivement en valeur. J’en parle souvent avec des garçons qui me confient sincèrement leur gêne qu’ils n’avoueront jamais aux filles.  Venons-en maintenant à l’essentiel. 

Notre foi catholique nous enseigne que notre corps est le temple du saint Esprit. Nous allons nous confesser pour lui avoir manqué de respect afin de retrouver l’amitié de Dieu en redevenant disponible à sa grâce. Chacun de nos actes visibles témoigne de notre foi. Il n’est pas certains actes relevant du spirituel ou Dieu aurait droit de cité dans notre vie, et d’autres ou il devrait rester à l’écart. Notre attitude à l’égard de notre corps est comme une façon d’exprimer notre pensée. Qui se néglige ou met trop d’attention à son apparence déforme le miroir de la création que Dieu a mis en lui en s’attachant excessivement à la superficialité à notre seul profit, souvent en plus au détriment de la vie intérieure. Ce qui est le cas de la séduction ou de l’agressivité vestimentaire. Notre corps est un instrument qui doit nous permettre de réaliser de grandes choses. C’est pour cela qu’il faut le respecter et être délicat à son égard car notre âme a besoin d’un écrin qui la mette en valeur, pas d’un écran qui la cache ou la déforme. Notre Dieu n’est pas un Dieu sévère et cruel. Il s’est incarné, a vécu notre condition et est mort ignominieusement sur la Croix pour nous racheter. C’est la preuve évidente de son amour sans bornes pour nous. Egarer sa volonté dans une pauvre entreprise de séduction ne risque-t-il pas de vous éloigner d’un Amour si doux et miséricordieux? Vous n’y aviez probablement jamais songé auparavant, où vous aviez confondu indulgence avec complaisance. Est-ce qu’en allant à la messe, en priant un peu, en respectant certaines règles morales exigeantes, vous pensez en faire bien assez? Je comprends que le monde est fascinant, brillant, tentant, comme le mal l’est bien plus que le bien qui ne brille ni ne fascine mais tiendra ses promesses qui sont d’un autre ordre, vrai et fécond. Suivre l’esprit du monde dans le domaine de la mode puis, qui sait, notre nature est si fragile, des relations dangereuses est vraiment un risque spirituel pour vous. Dieu, qui ne reprend pas sa fidélité, vous dit sans cesse «je t’aime comme tu es, mon enfant! » mais le beau jeune homme qui vous regarde séduit ou émoustillé, flatte votre vanité et vos sentiments et risque de vous faire tout oublier. Pourtant, vous devez faire des choix aussi dans ce domaine et les attitudes provocantes sont un choix dont vous n’aviez peut-être pas conscience jusque là. Je précise que si je parais m’en prendre aux femmes plus qu’aux hommes, c’est que Dieu leur a confié d’éduquer les hommes et que, si le péché originelles a réduit à séduire, elles restent néanmoins appelées à redevenir nos éducatrices. Prenez cette lettre comme un hommage à votre vocation. 

Dès le matin, je m’arme par la prière afin dl inspirer le respect et la discrétion. Ma vie spirituelle m’a appris que la vie intérieure compte plus que tout, apaise les sentiments et les passions, rend plus délicat et disponible à Dieu et aux autres en nous éloignant des obstacles de notre nature et notre volonté. La délicatesse à l’égard des autres est un de ces signes d’une âme apaisée par la prière. Commencez par-là ou plutôt continuez, revenez sans vous lasser à la prière qui laisse Dieu agir en vous et vous rend disponible à son amour. Laissez sur le bord de la route les influences, les tentations, le désir de paraître et allez à l’essentiel. Vous y trouverez Dieu et votre véritable valeur. En découvrant que vous êtes aimable et aimée pour vous, comme vous l’êtes réellement, vous serez moins sensible aux influences de recherche de séduction ou de provocation, venant souvent de personnes mal dans leur peau. Vous cesserez d’être superficielle quand vous aurez repris le chemin de la Vie intérieure. Je vous souhaite ce merveilleux cheminement vers la vraie beauté de l’âme d’une femme. Beauté dont ont aussi besoin les hommes pour que nous puissions monter et grandir ensemble.

 Dominique Morin 

Cet amour qui nous sauve.

Vendredi 28 mars 2008

Cet amour qui nous sauve.

 » Entre dix sept et vingt et un ans, j’ai vécu dans la drogue, la violence politique et le plaisir sexuel sans règles. Bien ancré dans ces pratiques, je me suis retrouvé un jour avec une arme automatique chargée en mains et le projet précis de m’en servir. Que faire devant un tel choix impossible?    . J’étais seul, comme un gosse abandonné, j’avais peur et j’étais pauvre comme jamais dans ma vie. J’ai pleuré, implorant intérieurement ».Si quelqu’un est là, qu’il m’aide, je n’en peux plus! » Ce fut certainement ma première prière. Ma mère accepterait sûrement, encore une fois, de m’héberger afin de m’aider à m’éloigner de la pression de ce milieu. Il fallait que je choisisse vite et j’ai penché du bon coté. A ce moment-là, j’ai été aidé par Dieu, à qui j’en rends grâce et ma mère qui a pris le risque de me tendre la main, une fois de plus. C’est vrai que de la part d’une mère ça parait normal. 

Il fallait encore fuir radicalement sexe, drogues, alcool, violence car, si j’étais dégoûté de ce milieu, je n’étais pas encore guéri. Je me suis donc tenu éloigné trois ans durant de toutes ces tentations. Tenté par une quête spirituelle, je suis revenu vers l’église catholique où j’étais baptisé et consacré à la Sainte Vierge. Noël 1984 fut ma première messe, puis pendant deux années j’ai régulièrement pratiqué. Ce qui m’a apporté une force pour maîtriser mes instincts et un but concret et réaliste en attendant mieux. Deux années de grâce et de pacification de ma nature. Mais je me croyais quand même trop pécheur, indigne de l’Église. St Jean de la Croix dit 

qu’ »on obtient de Dieu autant qu’on en espère. »Moi, je ne parvenais pas à imaginer que Son amour pourrait aller jusque-là. Je pense vraiment qu’on ne parlera jamais trop de la miséricorde de Dieu. 

Je suis allé faire une confession générale. J’ai accusé des péchés impardonnables à ce prêtre qui n’a pas réagi comme je m’y attendais. Je le regarde, quasiment certain de sa réaction, et, ô surprise!, je vois apparaître un grand sourire sur ses lèvres qui m’a fait vaciller dans-mes ­certitudes. Profondément touché par ce signe de la miséricorde de Dieu, je suis demeuré dans cette église où, en fait, je me sentais bien.  La guérison s’opérait doucement, je m’ouvrais à la vie comme une fleur aux rayons du soleil en retournant vers la société des gens. J’ai sympathisé avec des catholiques, m’ouvrant ainsi d’autres horizons. De nos rapports sains et constructifs, entre autre avec des femmes, des amitiés ont pu naître qui durent encore aujourd’hui. 

Huit années que je cheminais sur cette route, treize ans depuis la fuite du ghetto anarchiste lorsque mon passé s’est rappelé brutalement à moi. Une infection sévère a éveillé un soupçon chez mon médecin qui a décelé un SIDA avancé contracté durant ces années difficiles avec une fille dont j’ai appris le décès depuis. Tout s’écroulait pour moi. Même ma foi vacillait. Comme treize ans auparavant, ma famille, mes amis et surtout la grâce de Dieu m’ont empêché de tomber trop bas. Le réflexe de la prière, réflexe de pauvre, est vite revenu. Prière désordonnée, parsemée d’abattement et de révolte mais, malgré tout fidèle et persévérante. Les années ont passé et d’infections en sursis successifs, en 1996, j’ai pu profiter de traitements grâce auxquels mon état s’est stabilisé et même amélioré. Après le deuil de ma vie, il fallait réapprendre à vivre comme incurable. C’est dans cette perspective que je commence à témoigner régulièrement dans les écoles, associations ou paroisses qui m’invitent. Un témoignage d’espérance et de vérité basée sur mon expérience. Comme le SIDA, l’avortement est un drame d’un amour dénaturé qui produit la mort. L’amour ne peut être neutre; il construit ou il détruit. 

Notre société ne semble plus apporter que des réponses fatalistes et désespérées, sans possibilité de choix véritable. Quand une mère angoissée va faire diagnostiquer sa grossesse, elle craint d’être poussée à l’avortement si des obstacles surgissent pour garder son enfant. L’avortement devient souvent un palliatif évacuant les carences de notre société et les femmes     enceintes se retrouvent seules à les assumer. L’enfant n’est bienvenu que si d’autres sont décidés à aider la mère à l’accueillir et le corps médical peut contribuer à semer le doute: « êtes-vous bien décidée à le garder? » Les mères sont parfois presque considérées comme coupables de grossesse. La morale se réduit alors à un concept purement médical. 

J’ai rencontré, au cours de mes témoignages et comme sidéen, de ces, militants défendant l’avortement dont le regard se ferme dès que l’on avance une autre solution que l’avortement ou, pour combattre le SIDA, autre chose que le préservatif. J’ai vu chez eux parfois la haine et toujours la tristesse. Quel contraste avec l’épanouissement d’une mère qui donne la vie, d’un ­jeune qui vit la chasteté avec joie! L’idéologie n’explique pas tout. Faire payer aux autres nos’ propres échecs ne résout jamais rien.        Ces rapports destructeurs et cette loi de l’éphémère rendent aléatoire toute relation affective, où l’amour devient un risque dont il faut se prémunir et l’autre l’adversaire d’un combat où tout le monde perd. Si des jeunes ont pu garder leur pureté et croient à l’amour vrai et à la vie comme un cadeau, c’est plutôt pour nous inspirer à la réconciliation. A contrario, c’est même la démonstration que ces vertus tant ridiculisées sont plus que jamais nécessaires. 

Seigneur, aidez-nous à toujours être ouverts à la vie, et à être vos instruments pour convertir nos frères les hommes, que la haine et le désespoir rongent et détruisent. Qu’ils se souviennent qu’ils ont été des enfants, qu’ils ont cru un jour à la vie et à l’amour. C’est même d’aimer qui donne un sens à la vie. Même si je me suis brûlé les ailes à ce jeu truqué où tout le monde perd, je crois toujours à l’amour et à l’amitié humaine. Pas dans cette guerre sexuelle où chacun a peur d’aimer, de s’attacher et de croire à un projet commun. 

Amour désincarné et solitaire où l’autre que nous aimons est dangereux pour nous. Cet amour m’a mené au SIDA comme il mène nombre de femmes vers l’avortement dans une sorte de fatalité. Nous ne pourrons sortir de cette logique infernale qu’en brisant, chacun dans sa propre existence, le cercle de la fatalité par le complot de l’amour. Vaincre là torpeur ambiante et cette peur de nous donner, même dans une amitié, sans pouvoir nous reprendre. Peur de participer à la création dont Dieu nous fait le cadeau.  L’amour n’est pas condamné à rimer avec peur et mort tant que nous ne nous y résignerons pas. Et ces enfants que nous acceptons d’accueillir, parfois dans la douleur et le doute, ce sont eux nos gardiens. Ils nous gardent contre nous-mêmes, contre ce risque toujours présent de voir nos cœurs s’endurcir, de devenir notre seule fin et ne plus savoir aimer. 

Notre créateur nous l’a prouvé en s’incarnant par une femme, Marie. A Bethléem il y a 2000 ans, il n’y avait pas de place dans l’hôtellerie pour cette mère et son enfant. Il se trouva une étable pour que Marie puisse nous faire don de son amour pour Dieu, de l’amour de son Dieu. Ce fut le plus beau des enfants des hommes, comme l’est pour ses parents, chaque enfant qui naît. Jésus enfant qui allait racheter l’homme dont le cœur s’était endurci et lui rappeler jusqu’a la Croix et la Résurrection, à quel point Dieu l’aime toujours.  Encourageons de toutes nos forces ceux qui rentrent dans la vie à oser s’engager et croire à la fécondité de ce mystère qui nous dépassera toujours. Un cœur éclairé par l’intelligence peut découvrir lui-même ce don d’amour. C’est la source des problèmes de la jeunesse actuelle que de n’avoir plus personne à admirer, à estimer, à aimer et c’est par défaut qu’elle part vers les ersatz d’amour à consommer qu’on lui propose partout. Seigneur, donnez la grâce à tous d’être ou de redevenir comme les enfants, toujours émerveillés devant l’enchantement de la vie. Donnez-nous à tout un cœur d’enfant simple, plein de foi et d’amour, ouvert à la grande aventure de la vie. 

Je fais cette prière pour celles et ceux qui ne demandent qu’à aimer et qu’à être aimé; Que notre seule maladie soit l’amour! « 

Dominique Morin  

La nature et les loisirs

Vendredi 28 mars 2008

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Le topo sur la nature et les loisirs, thème du mois de mars,

a été traité pendant le WE de compagnie le 15 et 16 mars.

Il sera bientôt disponible sur notre blog !

« La guide est faite pour servir et sauver son prochain »

Mercredi 19 mars 2008

Voici la réflexion de notre cheftaine de groupe, qui a prononcé sa promesse lors du dernier week-end guîde.

L’article de la loi qu’elle avait choisi était :

«  La guide est faite pour servir et sauver son prochain ».

 

J’ai choisi cet article car, il me semble que l’esprit de  service est vraiment indissociable de la vie du scoute.  Les guides, les scouts, mais aussi les louvettes et les louveteaux doivent avoir en tête que par leur engagement scout, ils se mettent au service des autres. 

Monsieur l’abbé me faisait remarquer, le verbe : « est faite » ce qui engendre une certaine obligation de service, on aurait pu écrire « doit rendre service» mais non, ce n’est pas une nécessité nouvelle du fait de l’engagement mais une nouvelle nature, que la guide doit faire vivre en elle ! Et comme le dit aussi le principe, « le devoir de la guide commence à la maison », le service est dans la vie quotidienne, dans les petites tâches de chaque jour, dans le rapport à l’autre, amis mais aussi frères, sœurs et parents. 

Les parents ont aussi un grand rôle à jouer, ils ont choisi d’ajouter à l’éducation qu’ils donnent à leurs enfants, la pédagogie scoute ! Ils se doivent alors, autant que faire ce peut, se mettre à la disposition des autres, et c’est pour cela que je suis ici ! 

Dès que la possibilité de me mettre au service du scoutisme m’a été donné, mon devoir était de prendre ce service et d’aller jusqu’au bout de ce que je pouvais donner. Mais il faut parfois savoir refuser un service lorsque l’on sait que l’on ne pourra pas tenir ses engagements ! 

On n’en sera que plus heureux de l’accepter un peu plus tard. Pour la deuxième partie de la phrase, «  sauver son prochain », on peut comprendre le mot « sauver » de deux façons différentes… 

Bien évidemment le fait de sauver, matériellement et concrètement son prochain est le sens le plus simple et qui est peut-être le plus facile à appliquer (en fonction des circonstances bien sûr). Le deuxième sens fut celui que le Père Sevin a bien développé en donnant au scoutisme français sa spécificité, en ajoutant à la théorie de Baden-Powell (anglican) sa touche catholique ! 

Pour le Père Sevin par le scoutisme les jeunes peuvent développer le sens du sacré, l’esprit de contemplation,  découvrir et comprendre l’œuvre de Dieu. Le scoutisme se met à la disposition des jeunes (du plus petits aux plus âgés) pour les aider à vivre une vie religieuse bien appropriée ! 

C’est donc une grande chance pour chaque scout, chaque guide, chaque louvette ou louveteau de recevoir cet héritage et c’est de notre devoir d’en faire profiter notre prochain ! « Sauver son prochain » c’est donc savoir écouter et montrer l’exemple pour  guider l’autre sur le chemin de la sainteté. 

Il faut savoir semer sans attendre forcément de récolte, c’est à travers nos actions et la parole divine que nous pouvons essayer de servir de guide ! 

Il faut bien garder en mémoire le texte de la Promesse dans le livre de Lézard, par notre Promesse nous promettons de faire tout  notre possible, de notre mieux et non de ne jamais faillir … 

L’Espérance nous guide, le scoutisme nous aide, notre Foi est un atout essentiel à ne pas négliger et à savoir partager! 

Témoigner grâce au Carême

Dimanche 2 mars 2008

La Croix a interrogé Cyril Tisserand, éducateur en cité, membre de la communauté de l’Emmanuel et fondateur du Rocher à Bondy et à Toulon :

« Quand j’ai commencé à travailler en banlieue, les jeunes se moquaient un peu : «Pour vous les chrétiens, c’est quoi le Carême ? Les œufs de Pâques ?» Même chose à Noël : pour les jeunes musulmans, c’est la fête où les chrétiens vont faire leurs courses à Carrefour ! Rien que là, on peut être témoin. Puisqu’on parle beaucoup du Ramadan – et ils nous en parlent beaucoup ! –, nous aussi on doit pouvoir expliquer ce qu’est le Carême. Souvent, d’ailleurs, ce sont eux qui nous interrogent : «Mais, finalement, ce n’est pas très dur, votre Carême ! Alors que nous, le Ramadan, c’est dur, surtout l’été quand il fait chaud.» Du coup, cela me donne une occasion de réfléchir à ce qu’est vraiment le Carême pour moi. [...]

[L]es musulmans respectent beaucoup le croyant. Comme Dieu est présent et pas tabou, ils comprennent que ce n’est pas un temps négatif, mais constructif avec Dieu. Cela les interpelle. Ils nous disent «Ah bon ? Je savais pas du tout que les chrétiens faisaient cela !» Et cela nous donne une occasion d’expliquer. Car il y a une forte ignorance de notre foi. [...]

[L]es musulmans ne connaissent rien du monde chrétien, sinon par des clichés. Pour eux, il y a confusion entre société française et christianisme. Du coup, les dérives de notre société, c’est le christianisme ! D’une certaine manière, ils rencontrent des Français, mais pas de chrétiens. »

 

Vu sur le salon beige