III- Ce que nous apporte la Route.
La Route peut être un auxiliaire, un instrument qui nous aide à nous débarrasser des obstacles qui nous barrent l’entrée de la grâce.
Nous ne devons donc pas jeter sur la route un regard purement naturel, en ne considérant que l’air pur, le plaisir des muscles qui fonctionnent bien et l’agrément de quelques heures avec des amies.
Nous devons vivifier la route par un esprit surnaturel qui va métamorphoser des actes apparemment identiques.
Il faut se laisser faire par la Route.
Mais, attention, pas d’exclusivisme étroit ! La Route n’est qu’une activité entre mille autres, celle qui correspond aux heures de loisirs et de détente.
Elle doit avoir dans notre vie spirituelle la part qui lui revient et pas davantage.
1. La pauvreté
La pauvreté, première des béatitudes, est le commencement de toute ascèse.
Ce n’est pas simplement le détachement des biens matériels, l’élagage du superflu, la réduction au nécessaire vital, c’est le dépouillement de soi-même, de son amour propre, de sa volonté propre.
L’Evangile conseille, ordonne la pauvreté !
Plus on avance sur la route et plus on constate que l’absolu nécessaire est une chose relative et combien les conventions mondaines de la mode, du luxe ou de la vanité sont inadaptées à la vie réelle.
On apprend beaucoup sur la route.
La route nous apprend à vivre longtemps et bien avec peu de ressources. Elle nous prouve que les plaisirs dignes de l’homme, ne s’achète pas dans les grands magasins et moins encore dans les bistrots et dans les boites de nuit.
L’optique de la route, qui remet les être en leur lieu naturel, situe les biens matériels à leur rang de moyen.
La Route est l’école qui nous apprend à maitriser la matière, à terrasser l’avarice, grâce à qui nous possèderons le Royaume des Cieux.
2. L’humilité
C’est la connaissance de soi-même, de son insignifiance devant Dieu, de ses péchés, c’est l’acceptation de notre place, c’est-à-dire la dernière.
Qu’est-ce qui est humiliant pendant la Route ?
Se costumer en guide, surprendre le regard ironiquement pitoyable des gens…
Lorsque nous étions enfant, on peut dire que l’uniforme nous attirait. Adulte, il nous révulse ! Et celles qui vont dominer cette répulsion font le premier pas vers l’humilité.
Et c’est humiliant aussi d’avoir besoin des autres, de faire l’aumône pour un toit,…
3. L’obéissance
Elle résume toutes les vertus. Elle consiste, ordinairement, dans une soumission humaine à l’autorité divine et aux autorités qui la représente sur terre. C’est une acceptation libre, digne et intelligente. L’obéissance doit être une crainte amoureuse et respectueuse et non pas servile.
L’obéissance est le commencement de la sagesse.
La marche en groupe exige une règle et une autorité qui l’applique. Il faut bien savoir à quelle heure on partira, quel chemin l’on prendra…
Même si la générosité ne doit pas manquer dans un Feu et faire place à la spontanéité, la bonne volonté ne suffit pas. Le rôle de la cheftaine est de mettre un frein à l’activité de ces « Marthe » et d’obliger quelques fois ces « Marie » à sortir d’une contemplation qui se rapproche de la « flemmenza communis » plus que de l’extase mystique !
Il faut ravaler ses préférences, accepter des tâches qui ne nous plaisent pas et se résigner à quelques petites injustices.