Archive de la catégorie ‘L’amitié’

L’amitié [4]

Samedi 28 mars 2009

 

Deus Caritas Est

18. L’amour du prochain se révèle ainsi possible au sens défini par la Bible, par Jésus. Il consiste précisément dans le fait que j’aime aussi, en Dieu et avec Dieu, la personne que je n’apprécie pas ou que je ne connais même pas. Cela ne peut se réaliser qu’à partir de la rencontre intime avec Dieu, une rencontre qui est devenue communion de volonté pour aller jusqu’à toucher le sentiment. J’apprends alors à regarder cette autre personne non plus seulement avec mes yeux et mes sentiments, mais selon la perspective de Jésus Christ. Son ami est mon ami. Au-delà de l’apparence extérieure de l’autre, jaillit son attente intérieure d’un geste d’amour, d’un geste d’attention, que je ne lui donne pas seulement à travers des organisations créées à cet effet, l’acceptant peut-être comme une nécessité politique. Je vois avec les yeux du Christ et je peux donner à l’autre bien plus que les choses qui lui sont extérieurement nécessaires: je peux lui donner le regard d’amour dont il a besoin. Ici apparaît l’interaction nécessaire entre amour de Dieu et amour du prochain, sur laquelle insiste tant la Première Lettre de Jean. Si le contact avec Dieu me fait complètement défaut dans ma vie, je ne peux jamais voir en l’autre que l’autre, et je ne réussis pas à reconnaître en lui l’image divine. Si par contre dans ma vie je néglige complètement l’attention à l’autre, désirant seulement être «pieux» et accomplir mes «devoirs religieux», alors même ma relation à Dieu se dessèche. Alors, cette relation est seulement «correcte», mais sans amour. Seule ma disponibilité à aller à la rencontre du prochain, à lui témoigner de l’amour, me rend aussi sensible devant Dieu. Seul le service du prochain ouvre mes yeux sur ce que Dieu fait pour moi et sur sa manière à Lui de m’aimer. Les saints – pensons par exemple à la bienheureuse Teresa de Calcutta – ont puisé dans la rencontre avec le Seigneur dans l’Eucharistie leur capacité à aimer le prochain de manière toujours nouvelle, et réciproquement cette rencontre a acquis son réalisme et sa profondeur précisément grâce à leur service des autres. Amour de Dieu et amour du prochain sont inséparables, c’est un unique commandement. Tous les deux cependant vivent de l’amour prévenant de Dieu qui nous a aimés le premier. Ainsi, il n’est plus question d’un «commandement» qui nous prescrit l’impossible de l’extérieur, mais au contraire d’une expérience de l’amour, donnée de l’intérieur, un amour qui, de par sa nature, doit par la suite être partagé avec d’autres. L’amour grandit par l’amour. L’amour est «divin» parce qu’il vient de Dieu et qu’il nous unit à Dieu, et, à travers ce processus d’unification, il nous transforme en un Nous, qui surpasse nos divisions et qui nous fait devenir un, jusqu’à ce que, à la fin, Dieu soit «tout en tous» (1 Co 15, 28).

Petite citation à méditer [17]

Jeudi 26 mars 2009

« Un fidèle ami n’a pas de prix. »

Eccl 6,14

Jésus et l’amitié humaine [3]

Mercredi 25 mars 2009

La Bible est remplie d’éloges de l’amitié. « Un ami fidèle est un refuge assuré, celui qui en trouve un a trouvé un trésor » (Si 6, 14ss). Le banc d’essai de la véritable amitié est la fidélité. « Plus d’argent, plus d’amis », dit un dicton populaire. L’amitié qui disparaît à la première difficulté de l’ami n’est pas une vraie amitié. Le véritable ami se révèle dans l’épreuve. L’histoire est pleine d’histoires de grandes amitiés immortalisées par la littérature ; mais il y a également des exemples d’amitiés célèbres dans l’histoire de la sainteté chrétienne.

Un problème délicat concernant l’amitié est si celle-ci est possible également une fois marié. Il n’est pas dit que l’on doive couper de manière catégorique avec tous les amis que l’on possédait avant le mariage, mais une réorganisation est de toute évidence nécessaire, sous peine de difficultés et de crise au sein du couple.

Les amitiés les plus sûres sont celles qui sont cultivées ensemble, en tant que couple. Parmi les amitiés cultivées séparément, les amitiés avec des personnes du même sexe créeront moins de problèmes que celles avec des personnes de sexe opposé. Dans ces cas-là, la présomption, le fait de se croire au-dessus de tout soupçon et de tout danger, est souvent punie. Des titres de films comme « La femme de mon meilleur ami » en disent long sur le problème… Mais mis à part ce fait extrême, ce type d’amitié crée des problèmes pratiques sérieux. L’ami ne peut avoir plus d’importance que le conjoint. On ne peut sortir tous les soirs avec les amis en laissant l’autre (le plus souvent le femme !) seule à la maison.

Pour les personnes consacrées également, les amitiés les plus sûres sont les amitiés partagées avec le reste de la communauté. En parlant de Lazare Jésus ne dit pas : « Mon ami Lazare », mais « notre ami Lazare ». Lazare et ses soeurs étaient également devenus des amis des apôtres, selon le principe bien connu suivant « les amis de mes amis sont mes amis ». Les grandes amitiés entre certains saints, par exemple entre François d’Assise et Claire, étaient ainsi. François est le frère et le père de toutes les soeurs ; Claire est la soeur et la mère de tous les frères.

Padre R.Cantalamessa

Sortie à Fontainebleau

Mardi 24 mars 2009

L’album photo de la sortie est disponible !

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Pour celles qui avaient un appareil, n’hésitez pas à m’envoyer vos photos.

 

Jésus et l’amitié humaine [2]

Dimanche 22 mars 2009

Il faut dire de l’amitié ce que saint Augustin disait du temps : « Je sais ce qu’est le temps mais si quelqu’un me demande de le lui expliquer, je ne sais plus ». En d’autres termes, il est plus facile de savoir par intuition ce qu’est l’amitié que de l’expliquer par des mots. Il s’agit d’un attrait réciproque et d’une entente profonde entre deux personnes, mais qui n’est pas basée sur le sexe, contrairement à l’amour conjugal. C’est l’union de deux âmes, non de deux corps. En ce sens, les anciens disaient que l’amitié est avoir « une seule âme dans deux corps ». Elle peut constituer un lien plus fort qu’un lien de parenté. La parenté consiste à avoir le même sang dans les veines ; l’amitié à avoir les mêmes goûts, les mêmes idéaux, les mêmes intérêts.

Il est essentiel pour l’amitié que celle-ci soit fondée sur une recherche commune du bien et de ce qui est honnête. Dans le cas de personnes qui s’unissent pour faire le mal on ne parle pas d’amitié mais de complicité, d’une « association de malfaiteurs », comme on dit dans le jargon juridique.

L’amitié est également différente de l’amour du prochain qui doit embrasser toute personne, même celles qui ne nous aiment pas, même nos ennemis, alors que l’amitié exige la réciprocité, c’est-à-dire que l’autre réponde à notre amour.

L’amitié se nourrit d’intimité c’est-à-dire du fait de confier à un autre ce qu’il y a de plus profond et de plus personnel dans nos pensées et nos expériences. Je dis parfois aux jeunes : Vous voulez savoir quels sont vos vrais amis et faire un classement parmi eux ? Essayez de vous souvenir des expériences les plus secrètes de votre vie, positives ou négatives, voyez à qui vous les avez confiées : ce sont vos vrais amis. Et s’il existe une chose intime dans votre vie que vous n’avez révélée qu’à une seule personne, cette personne est votre plus grand ami ou amie.

Jésus et l’amitié humaine [1]

Mercredi 18 mars 2009

Jésus et l’amitié humaine 

- Padre R.Cantalamessa-

Les amis de Jésus

Evangile de Jésus Christ selon saint Luc 10, 38-42

« Jésus entra dans un village. Une femme appelée Marthe le reçut dans sa maison. Elle avait une soeur nommée Marie qui, se tenant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole. Marthe était accaparée par les multiples occupations du service ». Le village est celui de Béthanie et la maison, celle de Lazare et de ses deux soeurs. Jésus aimait s’y arrêter pour se reposer lorsqu’il accomplissait son ministère dans les environs de Jérusalem.

Marie se réjouissait trop d’avoir le Maître, une fois de temps en temps, pour elle toute seule, de pouvoir écouter en silence les paroles de vie éternelle qu’il lui disait, également pendant ses temps de repos. Elle l’écoutait donc, assise à ses pieds comme on le fait encore aujourd’hui en Orient. Il n’est pas difficile d’imaginer le ton, entre offensé et sous-entendu, avec lequel Marthe, en passant devant eux, dit à Jésus (mais pour que sa soeur entende !) : « Seigneur, cela ne te fait rien ? Ma soeur me laisse seule à faire le service. Dis-lui donc de m’aider ».

Jésus prononça alors une phrase qui constitue à elle seule un petit évangile : « Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et tu t’agites pour bien des choses. Une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part : elle ne lui sera pas enlevée ».

La tradition a vu dans les deux soeurs le symbole, respectivement, de la vie active et de la vie contemplative ; la liturgie, avec le choix de la première lecture (Abraham qui accueille les trois anges aux chênes de Mambré), montre voir dans cet épisode un exemple d’hospitalité. Je crois cependant que le thème le plus évident est celui de l’amitié. « Jésus aimait Marthe et sa soeur, ainsi que Lazare », lit-on dans l’Evangile (Jn 11, 5) ; lorsqu’on lui apprend la nouvelle de la mort de Lazare il dit à ses disciples : « Lazare, notre ami, s’est endormi ; mais je m’en vais le tirer de ce sommeil » (Jn 11, 11). Devant la douleur des deux soeurs, il éclate lui-même en sanglots, si bien que les personnes présentes s’exclament : « Voyez comme il l’aimait ! » (Jn 11, 36). C’est si beau et si réconfortant de savoir que Jésus a connu et cultivé ce sentiment si beau et si précieux pour nous les hommes que l’amitié.

Lundi 16 mars 2009

Activité de l’équipe inter-maitrise

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Samedi 14 mars, nous nous sommes retrouvées à Fontainebleau pour une journée sur le thème de l’amitié.

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Nous vous proposons ce mois-ci les textes sur lesquels nous avons bâti nos méditations, ainsi que nos réflexions personnelles.

Bonne lecture !

Les G.A.